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Se retrouver, devenir Soi
16 mars 2012

Maria Callas la divine

description brève de l'image

Photo Tullio Seraphin

 

Maria Callas  

La divine

 

Mathieu Menosse pour evene.fr 

 

Chanter pour être aimée

Cecilia Sophia Anna Maria Kalogeropoulos, née le 2 décembre 1923, à New York, aurait dû être un garçon… ou ne pas être. Sa mère, Evangelia, nourrit à son égard un sentiment proche de la haine, entre rejet et indifférence. Au physique ingrat de Maria, elle préfère la beauté de sa fille aînée, Jackie. Mais peu à peu, cette mère gorgone vit en sa progéniture l'opportunité de la préparer à ce qu'elle n'a jamais pu avoir. Une carrière de chanteuse. Plus tard, Maria Callas lui reprochera de lui avoir volé l'insouciance de son enfance pour lui imposer travail, discipline et assiduité. Conflictuelle et douloureuse, cette relation mère-fille eut une incidence incontestable sur la naissance chez la jeune Maria d’un appétit musical démesuré. Pour être aimée de cette mère frustrée et rancunière, la jeune adolescente se laissera envahir par cet intense désir de chanter, dont elle ne maîtrisera pas toujours les élans.

 

 

Une quête émancipatrice

 

Dès sa plus tendre adolescence, la vie de Maria Kalogeropoulos est marquée par cette seule quête d'une affection tendre et sincère. Cet environnement bienveillant, elle le trouve auprès de son professeur de chant, la cantatrice espagnole Elvira de Hidalgo. Les deux femmes se vouent un respect mutuel et pour la première fois, la jeune fille reçoit une considération toute désintéressée. Regardée, écoutée et entendue, la jeune fille s'abandonne à la bienveillance de sa protectrice et trouve dans sa voix une façon d’exister et de s’affirmer aux yeux de tous ceux qui n’ont cessé de la railler. Elle, “la Grecque” aux lunettes et aux rondeurs disgracieuses. Maria prend de l'assurance et se libère peu à peu du carcan maternel. A l'écoute du prodige, Elvira de Hidalgo s'enthousiasme, émue : ”Une véritable cascade de sons pas entièrement contrôlés, mais je me suis imaginée la joie que j’aurais à travailler à partir d’un tel métal, à révéler à celle qui les possédait, mais qui n’en avait pas conscience, des ressources dramatiques uniques.” Cette voix, Elvira de Hidalgo se chargera d'en explorer les moindres ressources, éveillant la conscience musicale de son élève, tout en l'initiant à l'art lyrique et à la complexité du bel canto.

 

 

Callas, cantatrice…

Cette voix reconnaissable entre mille. Une voix triple, avec un aigu, un médium et un grave. Cette voix et ses brisures, ces "passages" d'une voix à une autre que ses détracteurs mesquins feront passer pour des imperfections mais qui, tout au contraire, apparaissent comme l'expression d'une puissance dramatique incroyable, bien au-delà de la simple technique. Cette voix rebelle et indomptable dont elle s'efforcera de sculpter les "imperfections". Du registre mezzo à celui d'une soprano “colorature”, des rôles dramatiques et lyriques à ceux plus légers, Maria Callas se confronte à tous les registres. Car il s'agit bien de confrontation. Une soif infinie de connaissance qui la pousse à sans cesse repousser ses limites. Cultivant son goût de la performance, elle enchaîne les arabesques vocales. Dans l'adversité d'une rigueur exemplaire, Maria devient peu à peu Callas et prend conscience de son intime volonté de devenir une prima donna assoluta.

 

 

…et tragédienne

A cette voix, Maria Callas associe un instinct artistique hors du commun. Une volonté de comprendre le sens de ses personnages, de leur donner vie pour les incarner au mieux. Timide à la vie, elle se révèle une tragédienne-née à la scène. La plus grande depuis Eleonora Duse, la Sarah Bernhardt italienne, selon Luchino ViscontiA travers l’opéra, Maria Callas traverse les sentiments les plus absolus. Autant de chimères dont elle se délecte de livret en livret. Le personnage d'opéra, fait de chair et de sang, est pour elle un véritable support d'émotions sur lesquels elle s'appuie pour magnifier plus encore la force de la musique et du chant. Maria Callas "pense" le rôle pour mieux le sublimer. Callas est tour à tour Tosca, Violetta, Norma, Lucia ou Médée. On parle alors de la Callas aux cinq visages de gloire. Elle est amour, passion, trahison, vengeance. Plus qu'une interprétation, elle puise au plus profond de son être des émotions rêvées et confère à ses personnages une étonnante force vitale. En août 1947, sous la baguette du grand Tullio Serafin, elle se révèle aux yeux du public des arènes de Vérone en investissant une troublante Gioconda (de Ponchielli). Trois ans plus tard, dans ‘Le Turc en Italie' de Rossini, aux côtés de l'indocile Luchino Visconti, Maria Callas connaît sa plus grande rencontre artistique et humaine. Un mélange d'admiration et de contemplation réciproque qui aboutira, en 1955, à une des 'Traviata' les plus époustouflantes jamais offertes au public de la Scala. La Callas y transcende le rôle de Violetta, l'animant d'une détresse et d'une audace indescriptibles. Presque effrayante. Symbole de cette volonté, Maria Callas ira jusqu'à vaincre son corps, en perdant près de vingt kilos, pour devenir une femme d'une très grande beauté, sorte d'ultime combat qui parachève son triomphe. Callas se dessine ainsi une personnalité à l’image des destins tragiques qu'elle s'approprie. Parfois, au risque de s'y perdre.

 

 

Maria, dans l'ombre de Callas

Pour se préserver de ce monde extérieur dont elle n'a jamais appris à maîtriser les subtilités, la diva se construit une vie de faux-semblants, empruntant à ses personnages traits du visage et noblesse du geste, caractères et sentiments. Ainsi se montre-t-elle entière, passionnée, éperdument amoureuse, mais aussi offerte, soumise et vulnérable. Auprès de son premier mari, l'industriel Battista Meneghini, Callas se retrouvera corsetée dans une cage dorée. Il sera sa voix, son nom, n'hésitant pas à s'exprimer au féminin. Sous prétexte de la préserver d'un extérieur impitoyablement vorace, Meneghini fera de Callas une marchandise qu'il s'amusera à vendre au meilleur prix dans les plus grands opéras du monde. Hiératique mais profondément humaine, elle sacrifie sa vie intime au profit de son désir absolu de chanter. Maria Callas se réfugie dans ce monde en trompe-l’oeil. Celui des décors d’opéra et des précieuses parures. La scène constitue pour elle un exutoire salvateur, où elle se plaît à vivre comme elle l’entend. Elle s'offre entièrement à son art jusqu’à en oublier de vivre elle-même. Pourtant, elle croit un instant y parvenir au bras du fantasque et richissime armateur grec Aristote Onassis. Loin des scènes de théâtre et des rumeurs haineuses, Maria souhaite alors reprendre l'ascendant sur Callas. Elle veut vivre. Onassis finira pourtant par lui brûler définitivement les ailes en lui préférant la belle veuve Jackie Kennedy. La diva plonge alors dans un profond désespoir, telle la Gioconda de Rossini, cette chanteuse de rue à l'italienne, abandonnée par son amoureux de marin pour l'épouse d'un riche notable. Jamais Maria Callas ne parviendra à rompre les liens indestructibles qui liaient sa vie au monde chimérique de l'opéra.

 

Phénomène vocal et génie dramatique, la “divina” aux yeux noirs a ébloui de son vivant les plus grands théâtres et opéras du monde. Elle a bouleversé l’approche de l’art lyrique en général et du bel canto en particulier, en associant à sa voix un engagement émotionnel unique. Décédée à l’âge de 54 ans un matin de septembre 1977, Maria Callas avait fini par se retirer dans son appartement parisien de l’avenue Georges Mandel. Fuyant l'amour qu'elle n'avait cessé de poursuivre, elle s’était figé dans un douloureux mutisme. Sa voix éreintée par des tournées mondiales incessantes, son âme fatiguée d'attendre qu'on la comprenne enfin, la Callas fit peu à peu silence, attendant que le destin lui prenne son ultime soupire. Pourtant acclamée aux quatre coins du monde, la vie de Maria Callas fut hantée par une profonde solitude. On l'a dite orgueilleuse, ambitieuse et horriblement désagréable. Mais où est le vrai entre un tempérament sans doute très exigeant et cette image de furie capricieuse ? La faute à ce perfectionnisme sans limites, sans doute. Si l’on pouvait lui reconnaître un caractère difficile, à la hauteur de ses exigences artistiques, cette agressivité carnassière dont ont fait part ses plus grands détracteurs a surtout été de l’ordre du fantasme. Le fruit pourri d’une aigreur refoulée. Au-delà de la légende, Maria Callas fut une incarnation du génie artistique et humain. Cantatrice tragique, prima donna fantasque au port de reine. Mais reine maudite qui ne domina jamais réellement son trône.

 

”J’ai eu le privilège de connaître une destinée extraordinaire. Je suis une créature du destin. Il s’est emparé de moi, il a tracé ma voie. Je ne m’appartiens pas mais suis le témoin extérieur de ma propre vie.”
Maria Callas, 1970

 

 



 

 Maria Callas, fière et fragile

Maria Callas, fière et fragile

biographie

Signorini, Alfonso traduit de l'italien par Raymond Voyat Rocher , Monacocollection Documents Parution : octobre 2009

 

 

 

Documentaire

Musique classique réalisé en 2007 par Philippe Kohly 

 

LE DOCUMENTAIRE

INFORMATIONS DÉTAILLÉES

VOS COMMENTAIRES

      

SYNOPSIS                                                                                                                                                                                           

A la manière d'une fiction, ce portrait signé Philippe Kohly se présente comme une sorte de roman sur Maria Callas : une évocation de la femme et de l'artiste qui s'appuie sur sa voix, troublante et insaisissable, et sur de nombreux documents d'archives. Au cours de sa vie, la cantatrice a tenté d'incarner ses deux héroïnes de coeur : la Traviata - la femme amoureuse - et Norma - la grande prêtresse de l'opéra. Une cohabitation destructrice puisque Maria Callas a perdu et son amour et sa voix. Le film de Philippe Kohly suit la diva sur toutes les scènes du monde, de la Scala à la Julliard School en passant par Epidaure, et fait revivre avec éclat une tragédienne inoubliable chez qui tout devait toujours être plus grand : la volonté, le génie musical, la gloire, la passion amoureuse, la trahison et la solitude.

 

 

La critique TV de Télérama du 29/10/2011

Enfin un portrait digne de la Callas ! Documenté, précis, factuel, soutenu par un commentaire très écrit, dont les mots soupesés évitent l'éloge affecté. Rien n'est omis de sa vie et de sa carrière tumultueuse, mais évoqué avec tact - que ce soient ses compromissions avec l'occupant à Athènes ou le côté petit-bourgeois de celle qui lutta pour accéder au rang de déesse, petite fille et monstre à la fois. Soulignons que le réalisateur a le bon goût de ne jamais faire intervenir ceux qui l'ont connue ou entendue, cohorte idolâtre et bêlante transhumant depuis trente ans de documentaire en documentaire.

Comme il existe très peu de représentations filmées de la grande époque Callas, Philippe Kohly choisit d'utiliser avec parcimonie les extraits existants, où s'amorce et se consume le déclin de l'incomparable déesse du chant. Il privilégie donc les grands enregistrements sur les costumes de scène qu'elle porta, sur les croquis de décors qu'elle habita - fantôme ressuscité le temps d'une représentation imaginaire.

Un des passages les plus lumineux de ce portrait tient en « peu » de choses. La tragédienne explique : « Avant de chanter une phrase, il faut la traduire sur son visage pour la donner au public. C'est toute la beauté du bel canto : permettre au public de lire dans vos pensées avant d'entendre le chant. » Philippe Kohly propose alors un extrait de récital où elle s'apprête à toréer don José, dans Carmen. Sur les quelques mesures d'introduction musicales à l'air, le défi dans la pose alterne avec l'abandon bravache, sous le regard acéré comme une banderille, la main dessine presque des figures. L'extrait est coupé avant la première note chantée... Magistral. L'air, si célèbre, devient presque superflu. Illusion de l'art. Comme ce film qui abolit nos repères entre documentaire, fiction, roman du réel.

Bernard Mérigaud

 

 

Les archives de la Callas

  

L'Oeil - n° 522 - Décembre 2000 - Janvier 2001 

Elle a défrayé la chronique et ses éclats ont fait le tour du monde ; son mari et ses admirateurs comptaient parmi les stars du Gotha ; sa voix exceptionnelle l’avait classée prima donna assoluta : c’était « la Callas », disparue prématurément en 1977. À Drouot-Montaigne, à partir du 2 décembre, jour anniversaire où elle aurait eu 77 ans, une vente exceptionnelle de 417 lots en deux vacations dispersera ses objets personnels et ses archives.

Si sa vie ne fut pas toujours rose, sa succession se transforma en un véritable cauchemar, auréolé de mystère, car Maria Callas n’avait pas eu le temps de dicter ses dernières volontés, bien qu’elle en parlait autour d’elle. En 1954, elle avait fait un testament en faveur de Battista Meneghini, le mari qu’elle abandonna cinq ans plus tard. Celui-ci se retrouva donc héritier, par moitié avec la mère de Maria, Evangelia Kalogeropoulos, avec qui elle était fâchée depuis 1950. Un oiseau de mauvais augure survint alors, en la personne de la pianiste Vasso Devetzi, qui, depuis quelques années, jouait auprès de Maria le rôle d’amie sincère et de confidente. Vasso prit en main les rênes de la succession, arguant qu’elle allait monter une fondation Callas, qui ne verra jamais le jour (Meneghini et le maire d’Athènes y avaient pensé avant elle, sans concrétiser ce projet). En 1981, Menegheni disparaît, après avoir légué son immense fortune à sa dame de compagnie. Dans sa maison de campagne de Sirmione, où Maria comptait finir ses jours, il avait pieusement conservé les documents et les objets personnels de sa femme, partagés par moitié avec Evangelia et Jackie, sœur aînée de la diva, après la vente de l’appartement du 36, avenue Georges Mandel. La dame de compagnie transforme alors la jolie maison en studios à louer et entasse dans un garage les effets personnels de Maria, ses albums de photos, vêtements, souvenirs et mobilier, qu’elle juge encombrants et sans intérêt. Jusqu’au jour où le décorateur italien Ilario Tamassia, déjà collectionneur d’objets ayant appartenu à Callas, a l’occasion de les racheter et, ainsi, de les sauver. De son côté, en 1989, Nicolas Petsalis-Diomidis, qui collecte des documents en vue d’une biographie de Maria, a la chance de pouvoir racheter à Jackie ce qui lui avait été légué à la mort de sa sœur. Et puisque le musée idéal à la mémoire de la cantatrice semble impossible à édifier, ces deux passionnés ont réuni, pour une même vente, les effets personnels les plus divers qu’ils ont réussi à sauvegarder, afin que tout mélomane puisse acquérir un souvenir de la diva. On y trouve d’émouvants objets, souvenirs de scène ou de sa vie privée, que ce soit des correspondances d’admirateurs et d’amis, des vêtements, perruques, bijoux, albums de photographies, et des objets d’art les plus divers ayant décoré ses différentes habitations : l’album des photographies de la Callas sur scène, datant de 1952 à 1954 dont certaines sont annotées par elle (est. de 15 000 à 20 000 F), deux portraits sur papier réalisés par son ami Pier Paolo Pasolini (est. de 100 000 à 150 000 F chacun), des lettres manuscrites (est. de 15 000 à 20 000 F), jusqu’à une paire de consoles vénitiennes du XVIIIe en bois sculpté et redoré (est. de 350 000 à 400 000 F). En vedette, ce qui était le plus précieux aux yeux de Maria : le porte-bonheur qui ne la quittait jamais et sans lequel elle ne chantait pas s’il n’était exposé dans sa loge : une Sainte Famille, attribuée à Cignaroli, offert par Meneghini le 1er août 1947, deux jours avant ses débuts aux arènes de Vérone dans La Gioconda.
 
 
Paulvé Dominique
 


 
 

 

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  • Ce blog s'adresse à toutes celles qui souhaitent révéler la beauté, le bien-être, la vitalité et le charisme qui sommeillent en elles. Se trouver, se retrouver, c'est tellement délicat. Mon objectif : Réveiller la femme que vous êtes
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