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Se retrouver, devenir Soi
29 mars 2013

Marie Agnès Gillot

  

 

 Marie-Agnès Gillot

 

Le parcours d’une étoile brillante de l'Opéra de Paris

 

 

1975 : Naissance à Caen. Elle commence les cours de danse à 5 ans.  
 

1985 : Elle entre à l’école de danse de l’Opéra national de Paris. Cinq ans plus tard, elle est admise, avec dispense d’âge, dans le corps de ballet. 
 

2004 : Elle est nommée étoile à l’issue de la représentation de « Signes », de Carolyn Carlson. C’est la première fois qu’on nomme une étoile pour un ballet contemporain. 
 

2012 : Elle signe sa première création, « Sous apparence », à l’Opéra-Garnier. 

 

 

Photo : Lisa Roze pour Télérama

 

"J'ai appris à dompter mon corps"

 

            

 

Cette danseuse étoile au parcours atypique enchaîne les répétitions et les expériences. Sur les pointes huit heures par jour, elle mène sa vie tambour battant.

Des hommes juchés sur des pointes, des tutus d’extraterrestres, des répétitions ouvertes au public… Quand elle signe sa première création à l’Opéra-Garnier, la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot, 37 ans, bouscule tout. Les codes de la danse, le protocole et les habitudes. Dans la joie et la bonne humeur. « On n’a jamais autant ri à l’Opéra pendant des répétitions, raconte-t-elle. Je me suis révélée une chorégraphe plutôt cool, qui n’impose rien mais donne envie aux danseurs de se surpasser. »

 

Quand on la rencontre dans ce café chic du VIIe arrondissement, à deux pas de chez elle, la danseuse étoile est en plein rush. Entre cette première mise en scène pour l’Opéra qu’elle peaufine et « Le Fils prodigue », de George Balanchine, qu’elle interprète plusieurs soirs par semaine, elle s’astreint à un rythme d’enfer. Ce travail colossal sur le corps, elle l’assume avec décontraction : « C’est un peu la course, mais j’ai l’habitude de ce rythme soutenu depuis toute petite. Alors quand Brigitte Lefèvre, la directrice de la danse à l’Opéra, m’a demandé de lui concocter un projet autour du jeu des pointes classiques, je n’ai pas hésité. J’ai toujours aimé expérimenter et prendre des risques. Au lieu de me caler sur une dramaturgie, j’ai inventé une partition avec des phrases poétiques et des idées avant-gardistes. » Comme celle de percher des hommes, plus lourds, plus musclés, sur des pointes. Les danseurs deviennent des êtres immenses et étranges. Surréalistes. 

 

Surréaliste. Un terme qui décrit parfaitement la manière dont Marie-Agnès Gillot aborde son métier et sa vie en général. Elle expérimente tout, tout le temps et se fraie un chemin à part au milieu de ses consœurs. On l’a vue récemment à la télévision dans le jury de l’émission « La Meilleure Danse » sur M6 (« Démocratiser la danse, c’est génial ») et on a pu l’admirer évoluant au milieu de cygnes, en juin dernier, au Théâtre national de Chaillot. Elle a dirigé Arielle Dombasle et épaulé Benjamin Biolay pour leur clip, a dansé sur des textes de Sophie Calle et a même travaillé avec des danseurs de hip-hop lors du festival Suresnes cités danse, en 2007. Rebelle ? « Je ne me vois pas comme ça. Je suis très appliquée et très centrée sur mon travail de danseuse. Mais j’ai en effet besoin de me confronter à d’autres domaines. Je ne veux pas rester dans ma tour d’ivoire. »

 

Un marathon physique

 

Sa tour d’ivoire, c’est l’Opéra-Garnier. Elle y a sa loge à vie, comme toutes les étoiles, ou plutôt un joyeux capharnaüm avec des dizaines de pointes jetées par terre, des étagères bourrées de justaucorps et des tutus entassés sur une lampe géante… Les murs sont recouverts de mots doux d’admirateurs, de photos de ses proches et de grandes toiles peintes par le frère d’un danseur. Son programme quotidien ? De la danse à haute dose. Cours classique de 11 heures à midi avant les répétitions avec les étoiles et les solistes. Ensuite, c’est reparti pour trois heures de travail avec, cette fois, tout le corps de ballet. « C’est le moment où l’on est jugé par les plus jeunes, explique-t-elle. Je dois donner l’exemple, aider à passer un mouvement, motiver les autres… Je suis célibataire, je n’ai pas encore d’enfant mais je les appelle “mes filles”. Je suis très maternelle avec elles. » Après 19 heures, si Marie-Agnès Gillot joue dans la pièce du soir, elle répète encore et encore. 

 

Un marathon physique qu’elle gagne, chaque jour, haut la main. « Je dois entretenir mon corps, c’est une obligation. C’est comme une formule 1. J’ai un bon métabolisme. Je tiens toute la matinée en buvant du café et en mangeant des bananes. Je vais à la cantine à 16 h 30. Je prends un sauté de veau aux champignons avec du Coca. Non, les danseuses ne sont pas anorexiques ! Et puis, quand je mets en scène, je me sens presque en vacances physiquement, même si je suis sur mes pointes huit heures par jour. » 

Ce corps qu’elle connaît par cœur, elle a appris à le dompter, comme un animal sauvage. Ce n’est pas une question de régime ou de discipline alimentaire ni même de forme – Marie-Agnès Gillot avoue fumer des cigarettes : « Je change de corps chaque mois, en fonction des rôles. Si je danse du contemporain, mes cuisses se développent. Quand je fais du classique, tout s’assèche, mes jambes deviennent plus fines, mais je prends plus de cage thoracique. » Et la douleur, comment l’a-t-elle apprivoisée ? « Les hématomes, les entorses, les articulations en bouillie… cela fait partie du job. On a deux kinés qui nous suivent tout le temps. Si plus jeune, la douleur peut être déstabilisante, j’ai appris à la connaître. Ce n’est plus une sensation négative, c’est même devenu un repère. La douleur est une référence, elle nous aide à ressentir que nous sommes parvenus au bout du mouvement. Ne plus avoir de douleur, pour une danseuse, c’est presque ce qu’il y a de pire », reconnaît-elle. 

 

L’envie de créer

 

Et puis, Marie-Agnès Gillot n’a pas que la danse dans sa vie, même si elle lui prend la majeure partie de son temps. Pendant ses jours de repos, elle fait le plein de sommeil mais aussi d’art. Elle a besoin de tout voir, tout entendre, tout vivre dans une palette infinie d’émotions. En octobre, elle a fait un tour à la Foire internationale d’art contemporain (Fiac) et vient d’aller au cinéma voir « Ouf », avec Eric Elmosnino, sans oublier Maguy Marin pendant le Festival d’automne à Paris : « Sortir, voir du monde, applaudir des artistes, d’autres danseurs ou des comédiens comme Audrey Bonnet ou Denis Podalydès me défatigue instantanément. Tout ce que je vois, tout ce que je ressens, me donne du matériau et de l’énergie pour mon travail de danseuse. » 

 

A 42 ans et demi, Marie-Agnès Gillot prendra sa retraite officielle. « Je ne me projette pas du tout ! Il faudrait que je décide si je veux créer, diriger ou transmettre. Ou tout à la fois ! Pour le moment, depuis cette expérience unique de mise en scène, j’ai moins envie de scène et davantage de créer comme une artiste plasticienne. Quitter la scène ne me fait pas peur. Je suis parvenue à une telle maturité dans mon métier que je n’ai plus besoin de montrer ce que je sais faire. Je pourrais travailler en studio, ne jamais plus remonter sur scène et vivre très heureuse. » Marie-Agnès Gillot, étoile filante.

Par Julia Dion

Source : Cles (Trouver du SENS, Retrouver du TEMPS)

  

                   

 

 

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