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Se retrouver, devenir Soi
22 mars 2012

Les réseaux des femmes

Les réseaux de Femmes
 
 
ENTREPRISES, ADMINISTRATION, POLITIQUE, UNIVERSITES, CINEMA... 
 
  
Dans tous les milieux, dans toutes les villes de France, dans tous les métiers, les réseaux de femmes fleurissent. Elles sont cadres, élus, anciennes des grandes écoles, franc-maçonnes, dirigeantes de société, scientifiques, créatrices d'entreprise, banquières, hauts fonctionnaires, magistrates, architectes, avocates? Plus ou moins formelles, plus ou moins distrètes, ces associations sont parfois locales, souvent nationales, voire affiliées à de puissants lobbys européens ou mondiaux. Rien qu'en Ile-de-France, on dénombrerait aujourd'hui trois bonnes centaines de clubs et autres cercles exclusivement féminins, le double sur l'ensemble du territoire. Que veulent ces nouvelles adeptes du networking? Quelle est leur conception du pouvoir? Quels résultats obtiennent-elles? Enquête au c?ur de ces réseaux
 
Par Anne Vidalie, Hélène Constanty
 
 

La culture fait de la résistance

 

«Rendre plus étroites les relations de confraternité entre femmes de lettres.» Tel est l'objectif assigné au prix littéraire Femina, créé en 1904 sous la houlette d'Anna de Noailles. Ce que ses statuts ne disent pas, c'est que ce prix devait aussi, à l'époque, faire la nique à un Goncourt très misogyne. Cent ans plus tard, on cherche en vain, dans les milieux littéraires, les traces de la confraternité voulue par les fondatrices du Femina. Rares sont les univers aussi farouchement anti-féministes que celui de l'édition! Certes, le jury est composé uniquement de femmes. Mais sa présidente, Régine Deforges, réfute avec véhémence le label «réseau féminin»: «Le Femina a toujours couronné des hommes aussi bien que des femmes. Nos méthodes sont les mêmes que celles des jurys masculins. Comme eux, nous fumons le cigare.»
Le monde du cinéma n'est pas plus accueillant pour les femmes. En France, elles ne sont qu'environ 15% parmi les réalisateurs. Malgré ce manque de visibilité, elles répugnent à s'afficher «féministes». Il n'existe pas de syndicat comparable au puissant Women in film américain, un lobby très structuré qui a pignon sur rue à Hollywood et annonce clairement son objectif: «Donner du pouvoir aux femmes dans l'industrie cinématographique.» En France, le seul réseau actif est celui des professionnelles de festivals cinématographiques. Jackie Buet, directrice du festival du film de femmes de Créteil, qui se tient chaque année en mars, a contribué à créer, en 2000, un groupe de femmes au sein de la coordination européenne des festivals de cinéma. L'une de ses collaboratrices parisiennes vient ainsi de passer un mois au sein du comité d'organisation d'un festival belge, une autre a fait de même à Barcelone. La différence, selon elle, entre un réseau féminin et un réseau masculin? «Nous ne faisons pas de coupure entre vie professionnelle et vie privée. La dernière fois que le groupe européen s'est réuni à Paris, j'ai invité les 20 femmes à dîner à la maison.
 

Les femmes découvriraient-elles à leur tour les charmes discrets des réseaux de pouvoir et d'influence? Sont-elles en passe de les mettre au service de leurs causes, de leurs préoccupations et de leurs attentes? Pour Jacqueline Laufer, sociologue et professeur à HEC, les temps changent indéniablement: «En rejoignant ces réseaux ou en participant à leurs activités, les femmes montrent qu'elles sont décidées à sortir de l'ère de la discrétion. A présent, elles veulent être visibles et s'affirmer sur la place publique pour contribuer au débat sur l'égalité professionnelle et sur l'accès des femmes aux sphères de la responsabilité et du pouvoir. Ces réseaux s'inscrivent moins dans la revendication que dans l'affirmation, la proposition, le débat.» Mêmes les plus secrets sortent de l'ombre. Les franc-maçonnes de la Grande Loge féminine de France (GLFF), parées de leurs baudriers bleu vif, battent joyeusement le pavé parisien entre les féministes de La Meute et celles des Chiennes de garde, au nom des droits des femmes. «Notre activité «réseauteuse» est récente, reconnaît Marie (1). Longtemps, nous nous sommes cantonnées dans l'activité spirituelle. Mais, depuis quelques années, la majorité des s?urs, à commencer par les plus jeunes, aspiraient à être plus visibles.» L'argument qui a fait mouche auprès des aînées? «Ne pas parler, ce n'est pas préserver la discrétion, plaide Marie. C'est laisser les hommes s'exprimer à notre place. Or nous ne pouvons pas rester à l'écart des grands enjeux de société.» Dans le débat sur le voile, les maçonnes de la GLFF n'ont pas hésité à se démarquer de leurs frères en se prononçant très tôt pour une loi - même si elles la jugent frileuse et incomplète. Les femmes ont compris qu'elles ne seraient jamais si bien servies que par elles-mêmes. Fini, le temps des douces illusions. «Elles ont cru qu'elles seraient reconnues pour leur mérite, explique Marie-José Grandjacques, présidente de Femmes 3 000, association qui ?uvre pour une participation accrue des femmes dans la vie publique. Or elles découvrent qu'elles doivent se battre, aller chercher la place qui leur revient parce qu'on ne la leur offrira pas sur un plateau.» Paradoxalement, ce sont les lois en leur faveur - sur la parité en politique en juin 2000, puis sur l'égalité professionnelle onze mois plus tard - qui ont fait office de déclencheur. «La loi sur la parité, en donnant un coup de projecteur sur la place des femmes en politique, a provoqué un effet d'entraînement, notamment dans le domaine professionnel», estime la socialiste Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris. L'avocate Anne Nègre, qui préside la vieille Affdu, l'Association française des femmes diplômées des universités, fondée en 1920, est plus sévère: «Nous avons pensé, à tort, que le combat était terminé. Cependant, nous vivons une véritable régression. Aux législatives de 2002, le PS et l'UMP ont préféré payer la pénalité prévue par la loi plutôt que respecter la parité... qu'ils avaient eux-mêmes votée.

La lutte continue. Mais, aujourd'hui, les femmes sont décidées à se battre à armes égales pour faire tomber ce bastion du machisme ordinaire qu'est la politique. «A partir d'un certain niveau, dans ce domaine comme dans l'entreprise, le choix se fait par cooptation, et non par sélection objective sur les compétences de chacun, souligne la jeune députée UMP Valérie Pécresse, membre de l'association Femmes, débats et société, créée en 1999. Un lien de confiance et de complicité doit se tisser. D'où la nécessité de développer des réseaux de solidarité entre nous, véritables outils de promotion.» Tous les premiers mardis du mois, à l'heure du déjeuner, les adhérentes de Femmes, débats et société se retrouvent au Sénat pour travailler ensemble et alimenter la boîte à idées de l'UMP. «Si on ne se fait pas la courte échelle, ce sera le règne des femmes et des filles de...» souffle une élue. Nicole Barbin, présidente de Femmes leaders, à Clermont-Ferrand, est bien de cet avis: «La parité, même imposée, dévalorisante et condescendante, est un tremplin. Essayons de l'utiliser du mieux possible en épaulant des femmes dont nous sommes fières, pas des femmes alibis!» Roselyne Bachelot ne s'en est pas privée. Depuis qu'elle s'est installée aux commandes du ministère de l'Ecologie, elle a, de son propre aveu, «défendu les candidatures de femmes». Hélène Jacquot-Guimbal, à la direction générale de l'administration du ministère, Michèle Pappalardo, à la tête de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, et Marcelle Ramonet, à la présidence du Conseil national du bruit, lui doivent leurs postes. Anne Hidalgo, elle, mène le combat de la parité à la mairie de Paris. «C'est chose faite au niveau de la haute administration de la ville. On travaille à présent sur les postes de sous-directeurs et de chefs de bureau.» L'Europe a donné une solide impulsion aux réseaux de femmes. Monique Halpern, présidente de la Clef, la Coordination française pour le lobby européen des femmes, fondée en 1991, en est convaincue. «Nous représentons 75 associations et coordinations d'associations françaises, précise-t-elle. Nous travaillons main dans la main avec le Lobby européen des femmes (LEF), fort de 3 000 associations, à la réalisation effective de l'égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes.» Les réseaux européens prolifèrent. «Depuis le milieu des années 1990, il existe même un lobby européen des femmes scientifiques, pointe la sociologue Catherine Marry. Les lois européennes pour l'égalité ont contribué à l'émergence de ce réseau, par ailleurs encouragé par la Commission européenne.» Femmes et sciences, l'association française fondée en 2000 par la physicienne Claudine Hermann, première femme élue professeur à Polytechnique, est le produit de cette «dynamique européenne». «Le constat qu'il y avait des associations de femmes scientifiques dans d'autres pays d'Europe et la réflexion sur la parité en politique ont été les moteurs de mon action», avoue-t-elle. A l'époque de l'égalité et de la parité, mêmes théoriques, les femmes sont allergiques aux discriminations, petites et grandes. Sinon, les 14 filles de la fanfare des Brass Bouillonnes ne feraient pas sonner leurs cuivres et leur grosse caisse, le dimanche matin, entre les étals de fruits et légumes des marchés parisiens. «Chez les étudiants des beaux-arts, les fanfares restent un fief masculin, racontent Anne-Laure Thierry et Charlotte Hennequart, 25 ans, diplômées de l'Ecole d'architecture de Versailles. Voilà pourquoi nous avons décidé, en 1997, de créer la nôtre. Entre filles.» Les répétitions hebdomadaires sont l'occasion, pour celles qui travaillent, d'échanger les dernières informations sur les agences qui recrutent. L'aversion pour l'exclusion est particulièrement vive chez les pionnières comme l'avocate Dominique de la Garanderie, première femme élue bâtonnier en 1998 - la seule jusqu'à présent. Voilà presque trois ans, elle a lancé l'Association française des femmes juristes, membre du réseau européen European Women Lawyers' Association, né un an plus tôt. «En devenant bâtonnier, j'ai découvert le monde étrange du pouvoir, confie-t-elle. Aux femmes, le droit de la famille, celui des étrangers et, éventuellement, le droit social. Aux hommes, le droit pénal des affaires, qui mêle argent et pouvoir. Et le «plafond de verre» est le même qu'ailleurs dans les métiers juridiques.»

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  • Ce blog s'adresse à toutes celles qui souhaitent révéler la beauté, le bien-être, la vitalité et le charisme qui sommeillent en elles. Se trouver, se retrouver, c'est tellement délicat. Mon objectif : Réveiller la femme que vous êtes
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