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Se retrouver, devenir Soi
12 septembre 2012

Un danseur dans la Maison de Dieu

                           Ulrik Birkkjaer  (Danseur Etoile) 

  

Père Franck Legros 

 

Des pas de danse à l'opéra

 

     aux pas vers Dieu

 

Après douze ans de danse, Franck Legros quitte une carrière prometteuse à l'opéra pour devenir prêtre. Aujourd'hui, curé dans le diocèse d'Évreux, il sert Dieu à travers sa passion pour l'art.

 

Fais danser le corps de l'Église et « Dieu dansera pour toi » (So 3,17) : un appel qu'aurait pu entendre Franck Legros quand il était danseur professionnel. En 1992, voilà plus de douze ans qu'il use ses chaussons sur les parquets.

Sitôt médaillé d'or du conservatoire de Rouen, ce jeune Normand, né en 1971, est parti une année avec le Jeune ballet de France en tournée dans l'Hexagone et à l'étranger. Et a rejoint l'opéra de Düsseldorf, à 18 ans. Sous les projecteurs, il esquisse, matin et soir, arabesques et sauts de chat, signant même des autographes...

Un soir, au retour d'une répétition difficile, tout bascule : « Je me suis vu sur mon lit de mort : est-ce en dansant que j'aurai réussi ma vie ? J'étais bouleversé, pris aux tripes. » Car le véritable point d'appui de sa vie, ce n'est pas la scène. Mais la foi. La décision est donc prise : il embrassera la vocation sacerdotale.

Tout petit, Franck combinait déjà ses deux « passions », la danse et Dieu. Au point, adolescent, de parapher toutes ses correspondances avec la lettre D. S'il fait ses premières pointes à 9 ans, il se recueille aussi chaque jour devant le petit autel de sa chambre, et va tous les dimanches après-midi prier le chapelet, seul, à l'église du village.

Aussi, lorsqu'à 21 ans, il annonce son choix de vie, ses deux frères, pourtant agnostiques, ne sont en rien étonnés. Le petit dernier de la fratrie confirme en rappelant quelques signes « donnés », comme ce pas de deux, où il interprétait le rôle d'un prêtre.

 

Toucher des gens qui ne vont pas à l’église

 

Justaucorps au placard, Franck fait son entrée au séminaire quelques mois plus tard : « Je n'avais même pas le bac, mais j'étais heureux, poussé. Un truc que j'ai appris de la danse, c'est qu'il faut y aller. Même si l'on tombe. » 
Huit ans durant, il apprend à découvrir l'Église, à l'aimer. Il revêt même, au moment de son ordination en 2000, le col romain, pour « être, dans ce monde qui aime les signes visibles, témoin de la présence de Dieu ».

L'homme bondit de joie quand l'idée d'une comédie musicale surgit dans sa première paroisse à Vernon (Eure). Les catéchistes cherchent, en effet, un moyen de motiver les adolescents à rester dans l'Église après leur profession de foi. Le défi est lancé : en trois mois, ils sont 80 jeunes, âgés de 12 à 23 ans. Ensemble, ils interpréteront David, Roi, un personnage biblique qui dansait.

Le P. Franck sera chorégraphe, metteur en scène, offrant toute son énergie et sa joie de vivre à ceux qui veulent apprendre à bouger. L'association Hosanna naît de ce premier projet. Depuis 2003, trois autres spectacles ont vu le jour : Chantez gloire, Cher Théophile et, le dernier en date, Frères.

« Un champ de communion entre le sacerdoce et la danse » se dessine ainsi dans la vie de ce curé singulier. Installé depuis septembre 2009 sur les hauteurs de la ville d'Évreux, dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste-du-Val-Iton, le P. Franck continue de s'investir en étant prêtre accompagnateur du groupe Hosanna.

Son objectif pour les spectacles : toucher des gens qui ne vont pas à l'église. Pour cela, il a l'art et la manière. Derrière l'homme d'Église, l'ancien danseur professionnel n'est pas loin, comme le montre son allure svelte et légère.

C'est surtout la « manière passionnée et entière » qu'il a de s'engager qui est révélatrice, observe Tania Croquet, amie danseuse du conservatoire de Rouen.

Pour mener toujours plus loin ces apprentis danseurs, il fait preuve à la fois « d'exigence et de douceur », ajoute Marie Bories, une amie qui œuvre avec lui pour Hosanna : « Il répète souvent : 'Pas question d'un spectacle kermesse'. » Et les milliers de spectateurs conquis l'en remercient.

 

Un homme qui bouscule par son style

 

Jamais le P. Franck ne doutera de son choix sacerdotal. Mais dans cette société où il faut être solide, a-t-il l'endurance pour perdurer ? Cette question l'a particulièrement préoccupé en 2007 : en l'évoquant, il pose d'ailleurs son anneau d'ordination.

Accompagné alors par un frère de la communauté Saint-Benoît-Joseph-Labre, il souhaite avancer davantage vers « les pauvres, les petits, les marginaux ». Désormais plus confiant, il découvre de nouveaux pas pour son rôle de pasteur, entre laudatio et caritas, louange et charité.

La charité, un grand jeté qui l'amène à « accueillir la pauvreté de chacun, de la confession à la visite des malades et des personnes âgées ». La louange, une cabriole joyeuse qu'il a découverte en 1999, année de son diaconat, avec la communauté des Béatitudes.

Il accompagne aujourd'hui le Renouveau charismatique du diocèse. « Il ne joue pas au superprêtre, affirme son amie Marie Bories. Cette crise lui a permis de gagner en ouverture. C'est un prêtre qui rassemble. » Un homme qui bouscule par son style : pour certains, combiner collant et col romain, c'est un grand écart qui ne se fait pas.

Pour d'autres, comme Mgr Nourrichard, évêque d'Évreux, observer l'harmonie de cet homme « bien dans son corps, bien dans sa tête, bien dans sa foi, est un beau témoignage ».

Aussi, pour Franck, des pointes à la foi, il n'y a qu'un pas : tomber, se relever pour à nouveau « s'élancer vers le Christ », comme l'y invite la règle de Taizé que ce danseur devant l'Éternel affectionne.

S'il a quitté le costume du danseur professionnel, c'est pour faire de la danse un outil pour s'épanouir, communier et communiquer. « Être dans l'Église, c'est être vivant et heureux. Et notre religion est celle de l'Incarnation. Alors, soyons audacieux : il faut évangéliser les corps ! »

Ainsi, avec le P. Franck, pas de chrétiens endormis, mais des jeunes qui bougent, des adultes qui agissent, et une paroisse qui vit.

« C'est un petit miracle de les voir tous danser, sourit-il, même ceux qui ne voulaient pas monter sur scène au début. Il est bon que l'on retrouve une vraie liberté devant Dieu, lance-t-il. Dans la Bible, n'est-il pas écrit : 'Dieu dansera pour toi avec des cris de joie' ? »

 

 Un danseur dans la maison de Dieu, documentaire (55 min) de Laurent Buchemeyer (2007, Grand angle productions/KTO).

  

                     

 

 

 

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