S'Aimer
Nederlands dans theater
Commencer par s'aimer soi-même !
Pourquoi sommes-nous si lents à comprendre l'intérêt que nous tirerions à prévenir plutôt que guérir ? Les raisons sont complexes. Je pense d'abord que nous sommes encore marqués par la culture judéo-chrétienne, qui a véhiculé un message fort : « Préoccupe-toi d'autrui, ne te centre pas sur toi. » Prendre soin de soi équivaudrait à du narcissisme, du nombrilisme, de l'égoïsme, de la futilité, au détriment des choses vraiment importantes. Quant à la fameuse phrase « aime ton prochain comme toi-même », elle a été vidée de sa substance; la deuxième partie ayant tout simplement été occultée.
Nous sommes conditionnés par de nombreux autres messages du même genre reçus dans l'enfance, tels que : « Dépêche-toi », « Fais plaisir », « Fais des efforts », etc. Obéir à ces messages nous éloigne de nous-mêmes, nous décentre, nous empêche souvent de respecter nos besoins personnels de base, au point même que nous finissons par ne plus les connaître vraiment. Chaque fois que nous ne respectons pas suffisamment l'un de nos besoins fondamentaux, s'active en nous un agent stressant. Or, le cumul des agents stressants, leur prolongation diminue l'activité de notre système immunitaire, perturbe la balance hormonale, etc., avec finalement des conséquences graves sur la santé globale. Parfois, tomber malade est le seul moment de repos possible, un moyen « acceptable » pour prendre soin de soi sans culpabiliser.
Notons aussi l'importance de notre société « productiviste » : s'occuper de soi n'est pas productif dans le moment ; les résultats ne se feront sentir et/ou voir que dans l'avenir, mais nous vivons dans un monde insensible au long terme.
Par ailleurs, nous n'avons pas appris à nous centrer, à développer notre capacité d'intériorisation. D'autant que le monde extérieur nous sollicite tous les jours davantage et cela, dès le plus jeune âge. À l'école, on demande aux enfants d'être attentifs à ce qui se passe à l'extérieur, et non pas à l'intérieur d'eux-mêmes. Un enfant inactif est volontiers rappelé à l'ordre, ce qui constitue un message indirect : il n'est pas bien de « ne rien faire ». Il se produit alors une confusion entre s'intérioriser et paresser.
D'autre part, chez le tout petit enfant, l'investissement de son corps, l'amour de soi se développent à travers la relation aux parents, par l'intermédiaire des soins corporels, des caresses. Or, la plupart des parents passent peu de temps à ces échanges corporels, trop pris eux-mêmes par un quotidien stressant, par leurs difficultés affectives personnelles, qui leur masquent leurs propres messages internes.
Que faire pour sortir du piège ? Je dirais : prendre conscience des messages reçus dans l'enfance et travailler à les assouplir (parfois l'aide d'un psychothérapeute est indispensable). Apprendre à reconnaître ses besoins, les respecter et les faire respecter suffisamment (ce qui n'est pas un mince travail!). S'entraîner à pratiquer de manière progressive une ou plusieurs techniques de réharmonisation du corps et de l'esprit (respiration consciente, méditation, relaxation, imagerie mentale, exercices énergétiques, arts martiaux, etc..)
Pour certains, cela consistera à faire un apprentissage guidé, individuellement ou en groupe. Pour d'autres, il faudra plutôt installer un rituel, qui agira comme un rappel et permettra d'inscrire des moments pour soi dans le quotidien.
Tout ceci risque bien sûr de rester des voeux pieux, si le plaisir n'est pas au rendez-vous. C'est en ressentant le plaisir d'une pratique que l'on se motive à la poursuivre. On peut aussi s'inviter à anticiper le plaisir que l'on ressentira, par exemple après une relaxation, ou une séance de yoga, en mangeant un repas à notre convenance, ou en retrouvant un être cher. Le fait d'imaginer, en relaxation, le plaisir ressenti, ancrera le désir de santé à la fois dans le corps et dans l'esprit.
Un guide pratique qui passe en revue les interactions entre nos émotions, nos gestes, nos pensées et notre santé.